En chirurgie vasculaire, le recours à la photographie est courant. Le suivi des plaies nécessite une analyse visuelle et la comparaison à des stades différents. Jusqu’ici, la photographie a beaucoup été utilisée sans cadre formel. L’application Pixacare permet de sécuriser et de standardiser cet usage. Illustration au CH Haguenau.
Dans le service de chirurgie vasculaire du CH de Haguenau, un patient sur trois souffre de plaie chronique. Jusqu’ici, le personnel avait recours au logiciel patient avec des formulaires spécifiques. Mais l’utilisation manquait de fluidité, avec des lourdeurs notamment au niveau du transfert de photos, et donc, un suivi peu évident.
C’est avec le COVID que les choses se sont accélérées. Durant la crise sanitaire, il était plus délicat de convoquer les patients et le service a craint des ruptures de prises en charge.
« Le défaut d’accès aux soins nous a conduits à opter rapidement pour une solution dédiée au suivi des plaies », se souvient Dr Guillaume Maxant, chirurgien vasculaire. Trois applications sont alors testées et c’est Pixacare qui sort du lot.
« Nous avons apprécié sa souplesse (utilisable sur tablette, smartphone, ordinateur) et sa simplicité pour accéder au dossier du patient. » En effet, il suffit d’entrer le nom du patient et son dossier s’ouvre. Ensuite, tout est allé relativement vite. La photothèque a pu être mise en place rapidement, l’interfaçage avec le DPI a été simple et, en moins de deux mois, tout le personnel était formé à son utilisation.
Formées très rapidement, les infirmières du service ont pu utiliser facilement l’application. Auprès du patient, l’infirmière prend un cliché de la plaie. Elle peut alors enregistrer toute une série d’informations : partie du corps, taille de la plaie, profondeur, bourgeonnement, fibrine…
« L’outil est vraiment très intuitif et simple à utiliser, précise Marie Lickel, infirmière DU plaies et cicatrisation. C’est visuel, concret. Cela permet une vraie continuité entre les services de consultation et la chirurgie vasculaire, mais aussi avec tous les autres services. »
Et les résultats ne se sont pas fait attendre. Depuis le recours à Pixacare, selon les estimations, un tiers, voire la moitié des créneaux de consultations ont pu être libérés. Cela correspond aux patients dont la plaie présente une évolution positive. « Cela nous décharge considérablement, insiste Dr Maxant. Et nous pouvons ainsi être plus disponibles pour les patients qui présentent plus de risques ou pour les urgences. »
Autre incidence positive : au niveau de l’hospitalisation à Domicile (HAD). Le premier bénéfice est que, grâce à la télésurveillance, le patient a plus de chances de rester à domicile en évitant des allers-retours inutiles à l’hôpital. C’est alors l’infirmière de l’HAD qui prodigue les soins et fait remonter les informations de suivi à l’équipe hospitalière.
« Nous avons un suivi plus fréquent qu’auparavant, avec des retours sur la plaie tous les 15 jours », constate Dr Maxant. « Avant l’arrivée de Pixacare, je devais envoyer un email à la secrétaire du chirurgien, se rappelle Sylviane Guillard, infirmière de soins HAD Nord-Alsace, et attendre sa réponse par mail. Il y avait beaucoup d’intermédiaires, et dans un cadre peu sécurisé. »
Bien souvent, en cas de dégradation de l’état d’une plaie, la solution fait ses preuves. Pour un patient en HAD, l’hospitalisation peut parfois être évitée. Photo à l’appui, le médecin peut donner de nouvelles indications à l’infirmière libérale et garder le patient à domicile. Et pour les patients hospitalisés, le risque d’infection est limité. « On évite bien souvent d’avoir à rouvrir le pansement, ce qui présente un risque de contamination », souligne Marie Lickel.
En peu de temps, l’application a donc remporté l’adhésion du Centre Hospitalier et de la HAD. Et Pixacare ne compte pas en rester là. Une intelligence artificielle va être intégrée à la solution. Elle permettra sous peu de « détourer la plaie pour calculer automatiquement sa surface., détaille Vincent Marceddu, cofondateur et directeur technique de Pixacare.
L’IA permettra ensuite d’analyser la composition de la plaie pour calculer le pourcentage de bourgeonnement, fibrine et nécrose. » Des données qui feront avancer le service de chirurgie vasculaire.
« Grâce à ces évolutions, nous souhaitons formaliser nos démarches et proposer des traitements plus personnalisés, explique Dr Maxant. Sur un autre aspect, nous pourrons faire progresser la pathologie en rassemblant de la donnée structurée ». De quoi donner de nouvelles perspectives à la spécialité.
Crédits article : SIH Solutions 2022.